Bien que la tension entre foi et science puisse ne jamais être résolue, nous pouvons apprendre à la gérer. La clé pour comprendre cette tension consiste à reconnaître les différents présupposés de la foi et de la science en ce qui concerne Dieu et la nature.
L. James Gibson, titulaire d’un doctorat de l’université de Loma Linda, et directeur de l’Institut de recherche Geoscience, à Loma Linda, en Californie propose d’approfondir cette épineuse question
Dans la poursuite d’études supérieures, nous tombons souvent sur des conflits entre les déclarations de la foi et celles de la science. Cette question est particulièrement difficile lorsque des gens de foi étudient dans une université où une vision du monde séculière domine. Le point de conflit a habituellement trait aux origines des êtres humains et d’autres organismes vivants, au déluge biblique, et/ou à l’âge du monde.
Pourquoi un tel conflit ? Pourquoi la foi et la science croisent-elle parfois le fer ? Dieu étant l’auteur des Écritures et le Créateur de la nature, ne s’attend-on pas à ce qu’il y ait harmonie entre les deux ? Pour répondre à ces questions, nous devons examiner les significations et les présupposés de la foi et de la science, et la façon dont ils sont liés les uns aux autres.
LA FOI, LA SCIENCE ET DIEU
La plupart d’entre nous sommes d’accord pour dire que la foi, c’est la conviction d’une réalité que l’on ne voit pas. En tant qu’adventistes, nous comprenons par la foi que Dieu a créé le monde et les divers organismes en six jours littéraux il y a quelques milliers d’années. Cette foi se fonde sur la confiance en la source, c’est-à-dire, la Bible. Ainsi, notre foi n’est pas un saut aveugle dans les ténèbres de l’ignorance, mais une expression de confiance en une source qui s’est avérée fiable dans notre expérience personnelle. Cette confiance grandit et s’affirme par une conviction intérieure que le Saint-Esprit grave dans notre esprit.
Contrairement à la foi, la science exige une démonstration et manifeste un scepticisme général envers les déclarations qui n’ont pas été testées de façon empirique. Les scientifiques aiment être en mesure d’expliquer les phénomènes naturels en termes de mécanismes physiques. La foi, par contre, se préoccupe davantage de ce que Dieu a fait, que les mécanismes soient compris ou non.
La plupart des gens ont une idée assez concrète de ce qu’est la science. Par contre, en donner une définition précise s’avère étonnamment difficile. En fait, les philosophes de la science ont été incapables de fournir une définition de la science universellement satisfaisante. En outre, le terme science est couramment appliqué de différentes manières.
En général, on utilise deux définitions de la science selon deux écoles de pensée différentes. Premièrement, sur le plan historique, la science a été comprise comme la recherche pour comprendre comment le monde fonctionne. En utilisant cette définition, la science peut inclure virtuellement tout corpus de connaissances systématisé et inclure des explications basées sur l’activité divine. Cette signification de la science, que l’on utilise habituellement de façon informelle, diffère de la définition adoptée par la communauté scientifique.
Deuxièmement, on a défini la science en termes de naturalisme méthodologique. La plupart des scientifiques définissent la science de façon plus étroite, comme une recherche systématique des mécanismes qui sous-tendent les régularités observées dans la nature, idéalement exprimées en termes mathématiques. Cette définition s’accompagne généralement d’une approche matérialiste emphatique. Pour insister sur ce point, la plupart des scientifiques endossent une approche appelée « naturalisme méthodologique ». Cela signifie que seuls les processus « naturels » peuvent être utilisés dans les explications scientifiques, et que toute considération de l’activité divine est exclue avant d’examiner les preuves.
En pratique, le naturalisme méthodologique implique que toute étude scientifique peut être expliquée par les lois naturelles, sans référence aucune à l’activité divine. Dans cette perspective, il n’est donc pas étonnant qu’un conflit surgisse entre une foi qui croit à l’activité de Dieu dans la nature, et une science qui exclut la possibilité d’une telle activité.
FOI, SCIENCE ET RAISON
Dans les discussions opposant foi et science, une erreur surgit souvent, à savoir l’affirmation que le conflit entre la foi et la science n’est qu’un conflit entre la raison (science) et la confiance aveugle (foi chrétienne). Il est faux de déclarer qu’on utilise la raison uniquement pour la science. La raison est nécessaire tant pour la foi que pour la science ! Nous nous servons de notre raison non seulement pour évaluer les déclarations de la foi et de la science, mais aussi pour analyser les tensions qui peuvent se produire entre elles. Il ne s’agit pas de dire que nous arrivons à la foi ou à la science seulement par la raison, mais plutôt que nous ne pouvons venir à la foi sans exercer nos facultés de raisonnement. La raison est absolument essentielle dans la foi comme dans la science.
Autre erreur : la science repose sur des preuves, et la foi dépend de simples rapports sur les expériences d’autres personnes. Une telle affirmation n’est pas exacte ! La foi dépend, elle aussi, de preuves : prières exaucées, vies changées, prophéties accomplies, et témoignage des autres sont autant de preuves pour notre foi.
Chose ironique, les scientifiques dépendent, eux aussi, des rapports d’autrui. Personne ne peut, en effet, vérifier chaque rapport scientifique par une répétition de l’expérimentation ou du calcul. Nous n’avons d’autre choix que de dépendre des rapports d’autres scientifiques. Nous acceptons ce qu’ils ont écrit parce que nous avons généralement constaté que les rapports scientifiques s’avèrent exacts. Une raison importante de ceci est que le système d’examen par des pairs aide à éliminer de nombreuses théories déficientes de la science. Cependant, il est également vrai que de nombreux rapports scientifiques échouent lorsqu’ils sont testés, et que certains sont même frauduleux. Les scientifiques, comme les chrétiens, ne peuvent répéter chaque expérience, mais doivent dépendre de l’exactitude des rapports d’autrui.
LA FOI ET LA SCIENCE EN HARMONIE
La relation entre la foi et la science est souvent perçue comme largement conflictuelle. En réalité, l’aspect conflictuel ne constitue qu’un élément mineur de cette relation. La plupart des recherches scientifiques n’entraînent aucune controverse entre la foi et la science. Des sujets tels que la structure atomique, les principes de la chimie, la physiologie cellulaire, la science des matériaux, les relations écologiques, la science atmosphérique, la santé et la médecine, et de nombreux autres domaines de recherche peuvent être explorés sans susciter de controverse entre la foi biblique et la science. La presque totalité du conflit se réduit à un nombre très restreint de sujets concernant les origines et les événements historiques qui s’y rattachent.
L’harmonie entre la foi et la science se voit aussi dans le rôle que les chrétiens ont joué dans le développement de la science. On ne le remarque pas souvent dans la littérature séculière, mais en fait, la plupart des pionniers de la science étaient chrétiens. De ce nombre, il y a Isaac Newton (physique), Johannes Kepler (astronomie), Robert Boyle (chimie), John Ray (biologie), et de nombreux autres. Pour ces scientifiques, leurs recherches visaient simplement à comprendre comment Dieu est à l’origine de la création.
Les érudits ont proposé que la science moderne soit apparue en Europe occidentale parce que la culture était basée sur la foi en l’existence d’un Dieu créateur séparé de la nature, cohérent dans sa gouvernance de la nature, et assez puissant pour agir selon sa volonté. L’histoire de l’origine de la science moderne aide à montrer que la foi et la science ne sont pas des ennemies naturelles.
FOI ET SCIENCE : QUAND LA TENSION SURGIT
De nombreux scientifiques sont des matérialistes qui croient qu’il n’y a pas de causes surnaturelles dans la nature. Selon eux, tous les événements sont contrôlés par des lois naturelles, et pourraient ainsi être prédits et expliqués si nous pouvions mesurer toutes les conditions pertinentes. Naturellement, un tel engagement philosophique implique que ces matérialistes s’opposent à toute déclaration de preuves d’un dessein intelligent, puisque que de telles preuves invalideraient leur matérialisme. Dans cette situation, la tension est de nature philosophique, et non empirique.
Les matérialistes s’opposent souvent à l’idée que Dieu agit dans la nature parce que, disent-ils, si Dieu était actif dans la nature, la science serait impossible. Si Dieu agissait dans la nature, prétendent-ils, les êtres humains seraient incapables de prédire comment il agirait, et ainsi, ne pourraient faire de la science. Cette prétention se base sur la supposition que Dieu n’agit pas de manière cohérente. Mais c’est là une fausse hypothèse. Les chrétiens comprennent que Dieu agit de façon cohérente dans la nature afin de la maintenir dans ses activités ordinaires. L’activité de Dieu dans la nature est nécessaire à la réussite de la science. Sans les actions cohérentes de Dieu pour maintenir l’univers, la science serait impossible.
Il est vrai que Dieu n’est pas limité à agir de manière cohérente et prévisible. Il intervient parfois de manière inhabituelle – occasionnellement pour produire des événements spéciaux, ce que l’on considère souvent comme des miracles. Les événements spéciaux ne sont pas prévisibles sur la base de l’expérience passée – non parce qu’ils violent la loi naturelle, mais parce qu’il existe un être intelligent qui utilise les lois de la nature comme outils pour produire le résultat désiré. Les êtres humains utilisent aussi les lois de la nature pour obtenir des résultats qui ne se produiraient jamais par le biais des lois naturelles.
La création décrite dans la Genèse est un événement spécial unique qui s’est produit dans le passé et qui n’est pas en cours. Le Déluge catastrophique universel est un autre exemple d’un événement inhabituel qui n’a pas été répété. Ces événements exceptionnels sont suffisamment rares pour ne pas affecter l’exercice de la science expérimentale. Cependant, lorsque nous essayons d’expliquer quelque chose qui s’est produit dans le passé, nous devons tenir compte de la possibilité que Dieu ait agi pour déclencher un événement spécial.
Les événements spéciaux causés par Dieu ne forment pas un modèle cohérent, et de ce fait, ne sont pas à la portée de la science. Il y a conflit lorsque les scientifiques insistent pour expliquer les événements spéciaux comme étant le résultat de lois naturelles non guidées, et refusent d’en considérer la véritable cause. Une telle tension peut nous inciter à élargir notre recherche d’explications. Lorsque nous découvrons un conflit entre la foi et la science, nous devons considérer la possibilité que l’activité divine pourrait être impliquée. Bien entendu, nous ne tirerons aucune conclusion jusqu’à ce que nous ayons contrôlé et vérifié les données.
La relation entre la foi et la science est fortement influencée par la vision du monde philosophique (théiste ou matérialiste) avec laquelle on aborde le sujet. La prise de contrôle de la science par les érudits dotés d’une vision du monde matérialiste militante est largement (mais pas complètement) responsable de la situation présente où foi et science sont considérées comme étant des ennemies. L’insistance philosophique selon laquelle la science doit être matérialiste, combinée avec l’affirmation que la science est la seule méthode fiable pour acquérir la connaissance, ne peut être acceptée que si le matérialisme est, en fait, vrai. S’il existe un Dieu actif dans le monde physique, alors la doctrine matérialiste entraînera la science dans une mauvaise voie. Ceci peut se voir dans la situation actuelle.
DEUX EXEMPLES HISTORIQUES DE CONFLIT
Un autre facteur a contribué au conflit entre la foi et la science : celui des chrétiens adoptant une théorie scientifique qui, plus tard, est renversée. Les plus célèbres exemples de mésentente entre la foi et la science sont probablement les conflits au sujet d’un univers géocentrique et la fixité des espèces. L’histoire de ces deux controverses comporte une importante leçon pour nous aujourd’hui.
L’expérience de Galilée (et, par procuration, de Copernic) est largement utilisée à titre d’exemple de ce qui arrive à la foi lorsqu’elle s’oppose aux Écritures, avec l’implication que la foi doit reculer en face de la science. Il y a une importante leçon ici, mais elle très différente de celle habituellement proposée. L’histoire de Galilée est loin d’être simple comme on le prétend parfois. Il y a vraiment eu un conflit – un conflit impliquant Galilée – mais il a été aggravé par l’approche abrasive de Galilée et par le fait que ses arguments n’étaient pas si convaincants – et qu’ils comportaient même des erreurs. En outre, il y avait des scientifiques et des théologiens des deux côtés de la question. Néanmoins, il est vrai que l’Église catholique s’est immiscée dans le conflit, et conséquemment, a subi une lourde perte de prestige.
Ce qu’on oublie souvent, c’est la façon dont l’Église s’est ingérée dans cette situation. Des textes des Écritures sont souvent évoqués pour affirmer que la Bible enseigne un univers géocentrique. Cependant, la véritable origine de l’univers géocentrique ne se trouve pas dans les Écritures, mais dans la philosophie grecque ! Le système géocentrique a été connu sous le nom de système ptolémaïque, nommé d’après le Grec alexandrin qui avait mis en lumière cette théorie.
L’Église a adopté l’idée extrabiblique du géocentrisme à une époque où tout le monde assumait qu’elle était vraie. Dans une tentative de prouver que cette « science » montrait que la Bible est vraie, les pères de l’Église ont inclus cette idée « scientifique » dans leur théologie. Les textes qui utilisent des termes phénoménologiques (décrivant un événement dans le langage courant de l’apparence) étaient interprétés comme étant littéralement confirmés par la science de l’époque. Mais l’Église aurait dû être plus prudente ! Nous utilisons encore le langage phénoménologique lorsque nous nous référons au « lever du soleil » et au « coucher du soleil », les décrivant tels qu’ils apparaissent. La question de savoir si les anciens savaient mieux ou non n’est pas pertinente. Les textes utilisent des observations visuelles comme points de références dans la narration d’une histoire, et non comme des affirmations sur la structure du système solaire.
Chose ironique, l’astronomie moderne nous dit que n’importe quel point, y compris la terre, peut être pris comme centre de l’univers, puisque c’est entièrement relatif. L’avantage de prendre le soleil plutôt que la terre comme centre du système solaire est que les mathématiques sont beaucoup plus simples de cette façon.
Voici donc la vraie leçon à tirer de l’incident de Galilée : il ne faut jamais intégrer des conclusions scientifiques dans notre théologie, même lorsqu’il est allégué que tout le monde sait qu’elles sont vraies. La science est tentative, et les conclusions scientifiques sont régulièrement sujettes à une modification ou à un remplacement. Par conséquent, les déclarations scientifiques ne devraient jamais recevoir le statut de vérité de l’enseignement biblique.
La question de la fixité des espèces constitue le second exemple de l’histoire d’un conflit entre la foi et la science. Cette question est venue à l’avant-garde avec les travaux de Charles Darwin, selon lesquels les espèces ne sont pas fixes, contrairement à ce qu’il avait appris dans son cours de théologie à Oxford. Les observations de Darwin sont un bon exemple montrant que les espèces peuvent changer et s’adapter à différents habitats. Malheureusement, Darwin a extrapolé les degrés de changement bien au-delà des preuves en déclarant que toutes les espèces avaient un ancêtre commun. Le conflit qui a suivi avec la foi chrétienne se poursuit à ce jour, avec le résultat que de nombreux chrétiens ont abandonné l’histoire de la création et accepté certaines formes des idées de Darwin d’un ancêtre commun. De nouveau, l’Église s’est trouvée embarrassée dans son conflit avec « la science ».
Mais comment se fait-il que l’Église se soit retrouvée dans cette situation embarrassante ? D’où venait l’idée que les espèces ne peuvent changer ? La Bible ne dit-elle pas que toute la création est maudite, impliquant ainsi le changement ? La réponse, de nouveau, est que l’idée est venue des anciens Grecs, spécifiquement des idées de Platon de « types » qui ne changent pas, idées développées plus tard par les penseurs néoplatoniciens. Les dirigeants de l’Église ont une fois de plus adopté une idée grecque séculière que « tout le monde reconnaissait » comme vraie et l’ont intégré à leur théologie. La théorie a reçu le soutien implicite de Georges Cuvier et sa « corrélation des parties », de même que de William Paley dans son livre Natural Theology or Evidences of the Existence and Attributes of the Deity. Néanmoins, cette idée dans l’Église venait des anciens Grecs, et lorsque la science a avancé et a montré que ceux-ci étaient dans l’erreur, l’Église s’est retrouvée dans l’erreur par association.
Comme pour l’incident de Galilée, la leçon importante qui se dégage ici est de résister à toutes les tentatives d’intégrer dans la théologie chrétienne des idées que « tous reconnaissent » comme étant vraies. Aucune idée scientifique ne devrait être considérée comme étant absolue ; il y a toujours la probabilité que la science change. Ce principe s’applique aussi aux conflits contemporains entre la science et les Écritures sur la prétendue relation entre les hommes et les singes. Nous devrions reconnaître que la science peut finalement découvrir que les Écritures ont eu raison sur toute la ligne !
COMMENT TRAITER LA TENSION ENTRE LA FOI ET LA SCIENCE
Il se peut que nous ne puissions jamais résoudre la tension entre la foi et la science. Par contre, nous pouvons apprendre à la traiter. La clé pour comprendre cette tension est de reconnaître les différents présupposés de la foi et de la science au sujet de Dieu et de la nature. Les théistes croient que Dieu est actif dans la nature et intervient occasionnellement pour produire des événements spéciaux que les lois naturelles sont impuissantes à prédire. Les matérialistes croient qu’il n’existe pas d’activité divine dans la nature, et que l’on peut expliquer tous les événements sans se référer à un agent surnaturel. Ce sont là des hypothèses contradictoires qui ne peuvent être harmonisées.
Heureusement, nous ne sommes pas sans preuves qui peuvent nous guider dans le conflit. Il existe des preuves considérables qui semblent falsifier le matérialisme. La nature contient de nombreuses caractéristiques qui s’expliquent le mieux par le résultat d’un dessein intelligent d’un créateur. Celles-ci vont de l’affinement de l’univers à la complexité irréductible des machines moléculaires dans les cellules vivantes, et de l’aptitude de l’environnement à la vie au contenu informationnel de l’ADN cellulaire. De tels exemples menacent le système tout entier de la philosophie matérialiste, ce qui explique pourquoi de nombreux scientifiques matérialistes ainsi que d’autres, qui fondent leur compréhension de la nature sur la supposition que Dieu n’est pas actif dans la nature, s’opposent à l’idée du dessein intelligent avec une telle véhémence.
Étant donné que la preuve d’un dessein intelligent rend plus probable le théisme que le matérialisme, il serait sage de faire de notre théisme notre contexte d’utilisation dans lequel nous poursuivons la science. Il n’y a qu’à faire de la Bible le fondement sur lequel toute notre connaissance, y compris la science, est construite. Ceci ne veut pas dire qu’il faille limiter notre compréhension de la science à ce que la Bible nous dit, mais qu’il faut plutôt utiliser les enseignements bibliques pour modeler notre interprétation de ce que nous voyons dans la science.
Les données scientifiques doivent être interprétées pour avoir un sens. On peut noter que tous les organismes ont un système génétique fondé sur l’ADN. Ceci est un fait intéressant, mais nous aimerions, en toute logique, savoir ce qu’il signifie. Ceux qui viennent à la science à partir d’un fondement biblique peuvent constater ce fait en tant que preuve d’un dessein commun – l’œuvre d’un créateur unique. Ceci peut être comparé à l’œuvre d’un programmeur informatique ou d’un architecte qui développe un module fonctionnel et l’utilise dans une variété d’applications. Ceux qui sont familiers avec de tels modules peuvent reconnaître l’œuvre du concepteur chaque fois qu’ils rencontrent le module.
Étant donné que les adeptes de la philosophie matérialiste ne voient pas le dessein intelligent comme une option, ils peuvent interpréter les données comme preuves d’un ancêtre commun. Dans les deux cas, les données sont les mêmes ; ce qui diffère, c’est le contexte philosophique choisi par celui qui interprète les données. Cet exemple renforce le point précédent selon lequel la reconnaissance des différents engagements philosophiques constitue la clé pour comprendre la tension entre la foi et la science.
Bien que nous puissions identifier la cause de la tension entre la foi et la science comme étant imputable à des hypothèses philosophiques différentes, ceci ne garantit pas que nous soyons capables de répondre à toutes les questions qui surgissent. Il y aura toujours de nouvelles questions à étudier, de nouvelles découvertes pour stimuler notre pensée. Cependant, nous pouvons apprendre à accepter un certain degré de tension et le considérer comme une occasion d’étudier et de grandir. Ce qu’il faut éviter, c’est de soumettre notre foi au contrôle de la science du jour.
CONCLUSION
Alors, que pouvons-nous conclure au sujet de la relation entre la foi et la science ?
Premièrement, il nous faut comprendre la nature de ce qui est appelé « science ». La définition contemporaine de la science étant strictement matérialiste, elle ne peut donc être acceptée, en aucun cas, en tant que critère de la vérité.
Deuxièmement, nous devons faire la distinction entre la science qui sonde les processus ordinaires par lesquels Dieu maintient notre monde physique, et ces aspects de la science qui tentent de reconstituer les événements du passé. Il s’agit là de différents types d’entreprises. L’expertise dans la façon dont un système fonctionne n’est pas la même chose que la compréhension de la façon dont il a vu le jour. Un mécanicien peut être capable de démonter et remonter une voiture ; cependant, cette performance ne le qualifie aucunement pour concevoir une usine de production.
Troisièmement, n’intégrons jamais dans notre théologie une idée qui dérive d’une source non biblique, même lorsque « tout le monde sait » qu’elle est vraie.
Quatrièmement, donnons gloire à Dieu pour les merveilleux bienfaits que la science a apportés à l’étude du monde créé, et pour l’étonnante complexité de la vie qui révèle quelque chose de la puissance et de la sagesse du Créateur.
L. James Gibson
Quand foi et science croisent le fer
L. James GibsonDialogue 31 (2019/3), p. 11-1