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Ricardo Bentancur, titulaire d’un doctorat de l’université de Córdoba en Argentine et actuellement directeur des publications internationales à la maison d’édition Pacific Press à Nampa, aux États-Unis, propose une réflexion sur une approche biblique de l’accueil de l’immigré.

RESPECTER ET PRENDRE SOIN DE L’ETRANGER

 

La Bible ne laisse pas de doute concernant l’idéal d’accueil de l’immigré. Non qu’il faille y découvrir un regard naïf sur l’étranger car certaines affirmations divines sont sévères vis-à-vis des nations étrangères, en particulier dans les écrits prophétiques, mais dès qu’il s’agit d’individus qui se trouvent en situation d’immigrés, ou plus généralement de minorité ou de besoin, il existe un devoir d’accueil et de respect.

Dans les textes fondamentaux de la Torah, constituée des cinq premiers livres de la Bible, on retrouve avec constance l’exhortation divine à la bienveillance. Par exemple, l’Exode invite à ne pas opprimer l’immigré1 . Dans le Lévitique, l’affirmation est plus détaillée :

« Si un immigré vient séjourner avec vous dans votre pays, vous ne l’exploiterez pas. Vous traiterez l’immigré qui séjourne avec vous comme
un autochtone d’entre vous ; tu l’aimeras comme toi-même, car vous avez été
immigrés en Égypte. Je suis le Seigneur votre Dieu » 2 .

Le Deutéronome renchérit en présentant la grandeur de Dieu « qui
ne fait pas de favoritisme », et « qui défend le droit de l’orphelin et de la veuve,
qui aime l’immigré et lui donne du pain et un manteau » 3 .

LE SILENCE DEVANT DIEU

 

Les psaumes nous aident à comprendre le sens véritable de la prière et à répondre à la question du rôle des êtres humains. Ils nous aident à comprendre en quoi consiste la prière et comment invoquer la présence de Dieu dans notre cœur.

Dans Psaumes 37.7, David nous dit : « Garde le silence devant le Seigneur, et attends-le. » Le texte de Psaumes 46.11 confirme cette recommandation : « Arrêtez, et sachez que je suis Dieu ! » S’arrêter est un appel à faire silence et à nous tourner vers Dieu qui est la source de toutes les réponses dont nous avons besoin. Faire silence devant Dieu permet de laisser place à l’espérance, car cela nous donne la possibilité d’entrer dans une relation de confiance avec notre Créateur et de le connaître vraiment.

Ellen White écrit : « Chacun doit l’entendre parler à son propre cœur. Ayant fait taire toutes les autres voix, et restant en la présence de Dieu, le silence de notre âme nous permettra d’entendre plus distinctement la voix d’En-Haut. ‘Arrêtez, dit-il, et sachez que c’est moi qui suis Dieu.’ Là seulement est le vrai repos où l’on se prépare, réellement, à travailler pour Dieu. Au milieu de la foule en tumulte, et malgré la tension d’une activité intense, l’âme, ainsi rafraîchie, se trouve entourée d’une atmosphère de lumière et de paix. Un parfum se dégage, manifestant une puissance divine, capable de toucher les cœurs3. »

La prière commence par le silence, et non par nos paroles, nos désirs et nos demandes. Nous devons faire taire nos désirs et nos besoins pour commencer à écouter Dieu. Le plus important n’est pas de demander ce dont nous pensons avoir besoin ou ce que nous voulons obtenir ; c’est demander à Dieu de nous accorder le discernement qui nous permet de saisir ce que notre raison ne peut comprendre et ce que notre nature humaine limitée ne peut mesurer, à savoir la présence de la lumière de Dieu dans notre vie (voir Jean 8.12).

Dans la vie, nous devons sans cesse prendre des décisions, et nous nous tournons vers Dieu pour obtenir des réponses. Parfois nous lui présentons nos requêtes dans un élan de désespoir ! Et bien souvent, nous n’obtenons pas de réponse parce que nous exigeons trop de notre raisonnement limité. Nous ne devrions pas réfléchir à la façon dont il convient d’expliquer à Dieu quelles sont nos demandes, ou nous demander de quelle façon nous pouvons nous faire comprendre, car même si nous cessions de le solliciter et acceptions nos souffrances et nos problèmes, nous ne parviendrions pas à le trouver.

Ainsi, demandons d’abord à Dieu de nous rendre humbles, afin que nous puissions sentir sa présence dans notre cœur. La présence divine nous permet de repousser les limites de notre conscience, de faire preuve de lucidité et de trouver la paix. Ce moment d’éternité dans notre cœur est la réponse à la promesse de Dieu. Il déclare : « C’est moi qui suis la lumière du monde ; celui qui me suit ne marchera jamais dans les ténèbres, mais il aura la lumière de la vie. » (Jean 8.12) Ainsi, nous pourrons prendre de sages décisions qui résisteront à l’épreuve du temps.

Par conséquent, prier ne consiste pas à demander à Dieu de satisfaire nos désirs et de répondre à nos requêtes, mais c’est lui demander de venir au plus profond de notre être ! Cette lumière accompagne les prières sincères qui ne consistent pas à donner ou à demander des explications pour quoi que ce soit, mais qui consistent à solliciter Dieu pour qu’il se révèle en nous.

Cela signifie-t-il que nous ne devrions jamais prier pour faire part à Dieu de nos besoins spécifiques ? Pas du tout. Cela signifie qu’il est à l’origine de tout ce dont nous avons besoin et demandons ! Il passe avant tous nos désirs. Sans la lumière de Dieu, nous ne savons pas ce que nous devons demander, et nous ne pouvons prendre conscience de nos besoins réels (voir Romains 8.26). Nous pouvons avoir cette assurance : « Mon Dieu comblera tous vos besoins selon sa richesse, dans la gloire, en Jésus-Christ. » (Philippiens 4.19, italiques de l’auteur de l’article.)

L’INCARNATION ET LA PRIÈRE

Si la prière est une relation entre le Créateur et ses créatures, de quelle façon cette relation s’exprime-t-elle dans la vie ? Comment Dieu peut-il connaître les aspirations les plus profondes des croyants qui prient ?

Le feu de la prière ne se consume pas dans l’âme de celui qui prie. Non seulement la prière nous permet de nous ouvrir à Dieu, mais elle nous permet aussi de nous ouvrir aux autres. La prière n’est pas un monologue, ce n’est pas un dialogue avec un objet ou avec un être incapable de répondre. Prier, ce n’est pas comme parler à une plante ou à un animal afin d’exprimer nos sentiments. L’acte de prier trouve son expression la plus achevée quand il devient action, quand il devient une œuvre d’amour pour autrui.

L’amour est la sublime manifestation de Dieu dans le monde. Les prières sincères viennent du cœur, montent vers Dieu et nous poussent vers notre prochain. N’est-ce pas la plus grande manifestation de la présence de Dieu parmi les êtres humains ? Qui d’autre que Dieu peut nous pousser à sortir de notre zone de confort pour faire le bien en faveur de nos semblables ? Seul le Créateur, à l’image et à la ressemblance duquel nous avons été créés, peut nous pousser à nous tourner vers notre prochain pour lui tendre la main. Ainsi, nous pouvons dire que l’amour, à savoir l’expression la plus merveilleuse et concrète de la prière, fait le lien entre la prière et l’éthique, et donc entre la prière et le sens de la vie.

Ricardo Bentancur est titulaire d’un doctorat de l’université de Córdoba, en Argentine. Il est pasteur et est actuellement directeur des publications internationales à la maison d’édition Pacific Press, à Nampa, dans l’Idaho, aux États-Unis.

La prière et le sens de la vie

BENTANCUR RicardoDialogue 31 (2019/3), p. 19-21

NOTES ET RÉFÉRENCES

  1. Sauf mention contraires, les textes bibliques sont tirés de la Nouvelle Bible Segond.
  2. https://www.the-philosophy.com/plato-theory-knowledge.
  3. Ellen G. White, Jésus-Christ (Éditions Vie et Santé, 2000), p. 356.