« Créés à l’image de Dieu » : ce passage énigmatique de la Bible parait devenir plus clair à la lumière de cette extraordinaire capacité qu’a l’esprit humain de créer, ne serait-ce que partiellement sa propre réalité.
Aussi, la mort de Georges Floyd et le racisme systémique qu’elle met en exergue interroge sur le saisissant contraste qu’il y a d’une part entre l’extraordinaire capacité créatrice dont dispose le cerveau humain et d’autre part l’ahurissante pauvreté qu’il y a à évaluer la valeur d’une personne en fonction de la manière dont sa peau réfléchit la lumière.
Il y a tant de manière de percevoir l’autre et je voudrais en proposer trois tirées de la Bible
1. Tout d’abord scrutons le corps, et sondons-en les merveilles :
Dans le Psaume 139 : 14-15 une exclamation est scandée : Je te loue de ce que je suis une créature si merveilleuse. Tes œuvres sont admirables, Et mon âme le reconnaît bien. Mon corps n’était point caché devant toi, Lorsque j’ai été fait dans un lieu secret, Tissé dans les profondeurs de la terre.
La vie, usuellement banale, devient proprement miraculeuse quand on prend le temps de sonder le merveilleux entrelacs de systèmes qui la soutiennent. Du système immunitaire au système nerveux capable d’animer une ballerine du « Lac des cygnes », nos performances ont de quoi décrocher la mâchoire. Pourquoi ne pas percevoir, même ponctuellement, le corps de l’autre comme la prouesse technologique qu’il est ?
2. Deuxième perspective : Scruter l’âme, et réaliser avec proverbes 17 :22 que
Un cœur joyeux est un bon remède, Mais un esprit abattu dessèche les os
Voilà une invitation à planter non des ronces et des orties sur le fertiles terreau de nos émotions mais plutôt fleurs de et les fruits de la bonté.
De la bonté non seulement pour nous même mais aussi pour notre prochain. D’ailleurs, est-ce tellement différent ?
3. Troisième angle celui de son potentiel : Du petit berger au grand roi David, du peuple d’esclaves au peuple choisi par Dieu pour une cruciale mission diplomatique, il y a un chemin de croissance. Si notre théologie en a tiré deux termes un peu compliqués (justification et sanctification), même un enfant peut comprendre qu’une graine qui est entourée des soins nécessaires va grandir et libérer peu à peu son potentiel jusqu’à devenir à son tour un arbre porteurs de fruits.
Pourquoi ne pas regarder autrui non pas sous l’angle du mal réel ou supposé qu’il a commis, mais sous l’angle du potentiel qui est en lui ?
Ce ne sont là que trois approches, et il y en a certainement des centaines ! Elles peuvent pourtant suffire à faire voler en éclat les réductionnismes culturels qui commencent par créer des apartheids dans les esprits, puis, de vrais ghettos.
Quand on en a pas l’habitude ces approches demandent un effort de discipline mentale au début, mais quand les cloisons de nos préjugés tombent et que l’on commence à percevoir toute la richesse qui peut résider en autrui, alors le mépris disparait au profit de la curiosité, la haine fait la place à la tolérance, la peur à l’ouverture.
C’est alors que l’on découvre et que l’on apprécie la fabuleuse diversité du monde.